Textes, images et son pour se souvenir
SCHIJNS, JULIE
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Mardi 29 janvier 2013
Liège Un spectacle qui met en scène le témoignage d’une résistante déportée à Auschwitz
Se souvenir grâce à la force des mots, appuyés par la puissance des images et du son.
C’est la formule proposée par le spectacle « Mesure de nos jours », initié par les Territoires de la Mémoire et présenté ce jeudi soir au centre culturel des Chiroux, à 19h45. Destiné aux plus de 15 ans, le spectacle invite le public à plonger dans les récits de Charlotte Delbo, résistante communiste française déportée à Auschwitz-Birkenau.
Seule sur scène, la comédienne liégeoise Angélique Demoitié lit à voix haute des extraits du témoignage que l’auteure aujourd’hui décédée, avait couché sur papier à la Libération. « Le texte entre dans le descriptif de choses très personnelles qu’on entend rarement, commente Véronique Michel, pour les Chiroux. Par exemple, l’auteure raconte que les femmes vont au ruisseau pour se laver, elle évoque la crasse qui règne dans les camps. Il y a des moments où on est presque dans un langage documentaire, d’autres moments sont plus poétiques ».
Durant le spectacle, des images actuelles des camps de concentration et une bande sonore originale réalisée par Matthieu Rondeau accompagnent la comédienne. « Avec la Médiathèque des Territoires de la Mémoire, on organise des lectures de contes pour enfants, ici, on a voulu créer un spectacle pour adultes, explique Michel Recloux, coordinateur du projet. Les textes de Charlotte Delbo nous plaisaient beaucoup, ils sont écrits dans un style très lyrique. Des fois, ils sont très crus. On s’est dit qu’on allait simplement les lire mais on n’avait pas d’illustrations, comme on peut en avoir dans les contes pour enfants. On a alors fait appel à Jonas Luyckx, réalisateur liégeois. On lui a laissé carte blanche ».
Le réalisateur s’est rendu à Auschwitz et s’est promené dans les camps, en écoutant le récit de la résistante française enregistré avec la voix d’Angélique Demoitié. « Les textes m’ont beaucoup touché, déclare Jonas Luycks. J’ai filmé des choses qui ne sont pas trop visibles pour les visiteurs des camps, en général. Le stéréotype de l’image du camp de concentration ne m’intéressait pas trop. J’ai cherché à effectuer des allers-retours entre des impressions du lieu où l’auteure du texte a été enfermée et le lieu tel qu’il est aujourd’hui ».
La représentation sera suivie d’un débat qui abordera le travail de mémoire et la place que peut prendre l’art dans l’engagement citoyen.
Infos, prix et réservations : 04/220.88.88